Il fut un temps (pas si lointain) où un légume issu du jardin n’était qu’un légume, où des œufs de plein air étaient simplement des « œufs », sans étiquette bio, ni distinction.
Le “naturel” allait de soi.
Aujourd’hui, cette évidence s’est dissoute dans un marché où l’exceptionnel a remplacé l’ordinaire, et où les produits les plus simples doivent être justifiés, certifiés, nommés.
Perte de sens et de puissance symbolique : il devient difficile de transmettre aux enfants (sans les enfermer dans des logiques rationnelles, éducatives, techniques ou prescriptives) le goût des aliments et des choses simples, l’intuition du vivant, la valeur des gestes et ces récits qui autrefois donnaient profondeur, imaginaire et sens à notre manière de nous nourrir et d’habiter le monde.
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Il était une fois un naturel nourissant...
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Il était une fois un naturel nourissant...
Il fut un temps (pas si lointain) où un légume issu du jardin n’était qu’un légume, où des œufs de plein air étaient simplement des « œufs », sans étiquette bio, ni distinction. Le “naturel” allait de soi.
Aujourd’hui, cette évidence s’est dissoute dans un marché où l’exceptionnel a remplacé l’ordinaire, et où les produits les plus simples doivent être justifiés, certifiés, nommés.
Perte de sens et de puissance symbolique : il devient difficile de transmettre aux enfants (sans les enfermer dans des logiques rationnelles, éducatives, techniques ou prescriptives) le goût des aliments et des choses simples, l’intuition du vivant, la valeur des gestes et ces récits qui autrefois donnaient profondeur, imaginaire et sens à notre manière de nous nourrir et d’habiter le monde.

Constat sociologique :
Dans de nombreux foyers, des pratiques domestiques autrefois considérées comme ordinaires : cuisiner des produits bruts, conserver la nourriture, cultiver quelques légumes, reconnaître le goût ou les saisons, disparaissent peu à peu. À mesure qu’elles s’effacent du quotidien familial, elles perdent aussi leur valeur culturelle : elles deviennent invisibles, jugées secondaires ou trop exigeantes. Cette disparition s’inscrit dans un changement plus large, où l’abondance et la surconsommation ont pris le pas sur la fabrication, les récits associés, la patience, le symbolisme et l’apprentissage.
En quelques décennies, l’organisation alimentaire des ménages s’est profondément transformée. Les industries agroalimentaires, les plateformes numériques et l’économie de la rapidité ont remodelé nos manières de nous nourrir : multiplication des produits ultra-transformés, livraisons à domicile, disponibilité permanente de “solutions” rapides. Le repas est devenu un acte d’achat, parfois un acte de consommation impulsive, plus qu’un moment de préparation sensible. Dans ce contexte, les gestes nourriciers apparaissent lourds ou chronophages, et sont de plus en plus délégués ou externalisés. Ils semblent réservés à des foyers très motivés, engagés ou considérés comme “alternatifs”.


Même si certains ménages tentent de renouer avec un mode de vie plus simple, local ou attentif au vivant, ces pratiques semblent souvent peu compatibles avec les rythmes familiaux contemporains. Le “faire soi-même”, jardiner ou conserver des aliments sont perçus comme des compétences complexes, exigeant du temps, du matériel ou un environnement favorable. Pourtant, il fut un temps (pas si lointain) où un légume issu du jardin n’était qu’un légume, où des œufs de plein air étaient simplement des œufs, sans étiquette ni distinction. Le “naturel” allait de soi. Aujourd’hui, cette évidence s’est dissoute dans un marché où l’exceptionnel a remplacé l’ordinaire, et où les produits les plus simples doivent être justifiés, certifiés, nommés.
Cette transformation influence aussi la manière d’apprendre à “bien manger”. Les enfants grandissent dans un environnement où les aliments circulent plus vite qu’ils ne se comprennent, et où l’acte de manger peut devenir une succession de choix flous, de discours contradictoires ou d’injonctions. Or, apprendre à se nourrir devrait être un apprentissage instinctif, sensoriel, doux : reconnaître la saveur des choses, comprendre d’où vient un aliment, sentir ce qui fait du bien. Cette intuition se construit au contact du geste, mais aussi grâce à l’imaginaire qui l’accompagne.
C’est là que se situe l’un des manques les plus profonds : la disparition des récits littéraires et symboliques qui donnaient autrefois une texture culturelle à l’alimentation. Les contes, les mythes, les fables, les poèmes : ceux où l’on suit un enfant qui cueille des baies, une vieille femme qui mijote une soupe, un jardin qui parle, une plante qui soigne… Ils jouaient un rôle discret mais essentiel. Ils créaient un langage commun, une sensibilité, un monde intérieur dans lequel les gestes alimentaires faisaient sens. Aujourd’hui, ces formes narratives sont marginales dans les discours sur l’alimentation durable : elles ont été remplacées par des logiques rationnelles, éducatives, techniques, souvent prescriptives. Sans imaginaire, le geste perd sa profondeur ; sans récit, il perd sa place dans la culture.
Dans un contexte où les crises écologiques et sociales questionnent nos manières d’habiter le monde, ces gestes ordinaires retrouvent pourtant une importance nouvelle. Ils éclairent un décalage croissant entre ce qui nourrit le corps et ce qui nourrit la relation, la culture, la mémoire. Aujourd’hui, les savoir-faire liés à l’alimentation, aux plantes, au soin ou à la préservation circulent souvent sous forme fragmentée : tutoriels rapides, discours prescriptifs, injonctions contradictoires. Ils se transmettent sans ancrage symbolique, sans imaginaire partagé.
Cette perte interroge profondément nos modes de vie, notre rapport au temps, à la famille, au goût, à la santé, et plus largement à la manière dont une société transmet (ou ne transmet plus) les gestes qui la fondent.

Le Projet en Chiffres
Les savoirs-faires domestiques et leur transmission
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Pour réaliser cette étude, je me suis basée sur des textes :
